La Confédération Africaine de Football (CAF) et l’équipementier Puma ont dévoilé le ballon officiel de la 35e édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Baptisé « ITRI », cet outil technique sera utilisé pour la première fois lors du match d’ouverture opposant le Maroc aux Comores, le 21 décembre 2025. Au-delà de sa fonction sportive, l’objet matérialise une stratégie de branding national ancrée dans l’identité plurielle marocaine. L’analyse de ses caractéristiques révèle une double exigence : la performance aérodynamique certifiée par les standards internationaux et la valorisation d’un patrimoine visuel séculaire.
Orbita 6 : L’ingénierie aérodynamique au service du jeu
Le choix s’est porté sur la technologie Orbita 6 de Puma, une référence déjà éprouvée dans les championnats majeurs européens comme la Liga espagnole ou la Serie A italienne. Contrairement aux ballons cousus traditionnels, ce modèle utilise un procédé de thermocollage haute fréquence. Cette technique élimine les coutures apparentes, ce qui réduit drastiquement l’absorption d’eau et garantit une sphéricité constante, quelles que soient les conditions météorologiques.
La surface du ballon se compose de 12 grands panneaux en polyuréthane (PU) texturé 3D d’une épaisseur de 1,2 millimètre. Cette texture spécifique modifie l’écoulement de l’air autour de la sphère, stabilisant ainsi les trajectoires lors des frappes longues et limitant les effets flottants imprévisibles. À l’intérieur, une mousse POE (polyoléfine élastomère) assure le rebond et la sensibilité au toucher, critères essentiels pour le jeu rapide prôné par les sélections modernes. La certification FIFA Quality Pro valide ces spécifications techniques, plaçant la compétition africaine aux mêmes standards que les tournois mondiaux.
Le Zellige : L’empreinte mérinide revisitée
Le design graphique d' »ITRI » puise directement dans le répertoire architectural du Royaume. Les concepteurs ont isolé les motifs géométriques du zellige, cet art de la mosaïque de faïence codifié sous la dynastie des Mérinides au XIVe siècle. Loin d’une simple reproduction, le motif subit ici un traitement graphique nommé « Flow of Movement ». Ce procédé étire et fluidifie les lignes géométriques rigides pour symboliser la cinétique du football.
La palette chromatique se limite volontairement au rouge et au vert, couleurs du drapeau national, assurant une cohérence visuelle immédiate. L’étoile, figure centrale de la composition, remplit une double fonction sémiotique : elle rappelle le pentagramme du drapeau marocain tout en évoquant les motifs stellaires récurrents dans les compositions de zellige complexes qui ornent les médersas et les palais de Fès ou de Marrakech. Ce choix esthétique ancre l’événement dans une continuité historique locale tout en modernisant son expression graphique pour une audience télévisuelle mondiale.
L’Amazigh : Une résonance constitutionnelle
Le nom « ITRI » constitue l’élément le plus significatif de cette démarche. Signifiant « étoile » en langue amazighe, ce choix lexical dépasse le cadre sportif pour toucher à la structure sociopolitique du pays. Il fait écho à l’officialisation de l’amazighe comme langue officielle aux côtés de l’arabe, consacrée par l’article 5 de la Constitution de 2011. En nommant le ballon officiel dans cette langue, la CAF et le comité d’organisation local projettent l’identité plurielle marocaine sur la scène continentale.
Cette décision linguistique valide une reconnaissance culturelle institutionnelle. Elle rappelle que l’identité plurielle marocaine se construit par l’addition de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, enrichie de ses affluents africains, andalous, hébraïques et méditerranéens. Le ballon devient ainsi un vecteur de « soft power », diffusant cette réalité constitutionnelle auprès des millions de spectateurs qui suivront la compétition du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.
Unité africaine et déploiement territorial
La symétrie circulaire des motifs vise également à représenter l’unité des 24 nations qualifiées pour cette phase finale. Le ballon circulera dans les six stades retenus pour la compétition : Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech, Agadir et Fès. Chaque enceinte accueillera cet objet qui, par sa conception, tente de faire la synthèse entre l’ancrage local et l’ouverture panafricaine.
L’identité plurielle marocaine sert ici de socle à un message plus large d’intégration continentale. Les pétales stylisés entourant l’étoile centrale symbolisent la dimension festive et la croissance du football africain. En associant une technologie de pointe allemande (Puma) à une sémantique visuelle et linguistique marocaine, « ITRI » illustre la capacité du Maroc à organiser un événement global tout en préservant ses spécificités culturelles. Cette démarche s’inscrit dans la volonté des organisateurs de présenter une CAN technologiquement avancée, tant au niveau des infrastructures que des équipements de jeu.

