Examen du Caftan marocain à l’UNESCO : verdict en décembre

Les dates sont désormais officielles et toutes les attentions sont tournées vers l’Inde. Le destin patrimonial du caftan marocain joue une partie importante du 8 au 13 décembre prochains à New Delhi. Sa candidature y sera officiellement évaluée par le Comité intergouvernemental de l’UNESCO. Pour le Maroc, cette échéance est bien plus qu’une procédure administrative : c’est l’aboutissement d’une démarche culturelle et diplomatique visant à faire reconnaître au niveau mondial un savoir-faire et un art de vivre ancestraux.

L’échéance de New Delhi : un moment de vérité

Après des mois de préparation, le dossier marocain arrive à son étape décisive. Un moment crucial pour un vêtement qui incarne une part de l’âme du Royaume.

L’examen du caftan marocain du 8 au 13 décembre à New Delhi

La 20e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO se réunira dans la capitale indienne. Parmi les dizaines de candidatures venues du monde entier, celle du Maroc sera examinée par les experts et les représentants des États membres du comité. Leur vote déterminera si le caftan rejoindra la prestigieuse Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

« L’art, les traditions et le savoir-faire du caftan » : un dossier solide

Le dossier marocain, déposé officiellement en 2024, a été soigneusement intitulé pour refléter toute la richesse de son sujet. En choisissant « L’art, les traditions et le savoir-faire du caftan », le Maroc a mis l’accent non pas sur l’objet fini, mais sur l’écosystème humain et artisanal qui le fait exister. Cela correspond parfaitement aux critères de l’UNESCO, qui cherche à protéger des « pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire » vivants. Le dossier met ainsi en lumière les maâlems (maîtres artisans), les techniques de broderie (comme le tarz), de tissage (le brocart) et de passementerie (sfifa et aâkad).

Au-delà du prestige : que signifie une inscription à l’UNESCO ?

Si la reconnaissance par l’UNESCO est un label prestigieux, ses implications sont bien plus profondes qu’une simple mention sur une liste.

Une consécration internationale du savoir-faire marocain

Une inscription serait avant tout une validation mondiale du génie des artisans marocains. Ce serait une reconnaissance officielle de l’authenticité et de la valeur universelle d’un art vestimentaire qui a su évoluer à travers les siècles tout en conservant son essence. Pour les milliers de maâlems et maâlemates qui travaillent dans l’ombre des médinas de Fès, Marrakech ou Tétouan, ce serait un hommage éclatant à leur talent et à leur rôle de gardiens d’un héritage inestimable.

Un engagement pour la sauvegarde et la transmission

Une inscription à l’UNESCO n’est pas une fin en soi. C’est un début. En cas de succès, le Maroc s’engagera formellement à mettre en place des mesures de sauvegarde concrètes. Cela peut inclure des programmes de documentation des différentes techniques, des initiatives de soutien à la formation et à la transmission du savoir-faire aux jeunes générations, et des actions de promotion pour assurer la viabilité économique de cet artisanat d’excellence.

Le caftan, un symbole au cœur d’un contexte sensible

Cette candidature s’inscrit dans un paysage culturel où les enjeux identitaires et géopolitiques sont particulièrement forts.

Un pilier de l’identité et de la culture marocaine

Le caftan est indissociable des moments clés de la vie sociale et familiale au Maroc. Porté lors des mariages, des baptêmes et des fêtes religieuses, il est bien plus qu’un vêtement : c’est un marqueur de statut, un symbole de fête et d’élégance, et un héritage qui se transmet de mère en fille. Sa présence sur la scène internationale de la mode n’a fait que renforcer ce sentiment de fierté nationale.

Une démarche dans un contexte régional de « guerres du patrimoine »

Il est impossible d’ignorer que cette candidature s’inscrit dans un contexte régional de tensions patrimoniales. Après les vifs débats autour du zellige ou du couscous, les questions d’appropriation culturelle sont devenues très sensibles au Maghreb. La démarche proactive du Maroc, en déposant un dossier solide et bien argumenté, est aussi une manière d’affirmer et de protéger son héritage sur la scène internationale, face à des revendications jugées parfois concurrentes.

L’attente d’une nation avant le verdict

L’examen du caftan marocain du 8 au 13 décembre à New Delhi est donc un événement aux multiples facettes. C’est le point culminant d’un effort national pour faire reconnaître un pilier de l’identité marocaine et un trésor de son artisanat. C’est aussi un moment diplomatique important qui se joue sur le terrain de la culture. Le Maroc et les innombrables amoureux de la culture marocaine à travers le monde attendent désormais avec espoir et impatience la décision du comité, espérant voir le caftan prendre la place qui lui revient sur la liste des trésors de l’humanité.