La dynamique culturelle continentale africaine possède désormais une adresse fixe et prestigieuse. En confirmant officiellement l’établissement du siège du Comité des capitales de la culture africaine à Rabat, l’Union Africaine (UA) consacre une vision politique où le Royaume du Maroc s’affirme comme le carrefour incontournable des industries créatives du continent. Cette reconnaissance, actée lors des récentes assises institutionnelles de l’organisation panafricaine, vient parachever un processus diplomatique de longue haleine, renforçant le statut de la capitale marocaine comme pôle de convergence pour les politiques publiques culturelles en Afrique. Au-delà du symbole, cette implantation dote le programme des Capitales africaines de la Culture d’une structure pérenne, capable de piloter l’ambition de faire de la culture un levier tangible de développement socio-économique pour l’ensemble des nations africaines.
Une consécration diplomatique actée à Bujumbura
La validation politique de cette implantation s’est jouée loin des frontières marocaines, au cœur de l’Afrique des Grands Lacs. C’est en effet à Bujumbura, au Burundi, que s’est dessinée l’étape finale de cette institutionnalisation lors de la 5e session du Comité technique spécialisé (CTS) sur la jeunesse, la culture et le sport de l’Union Africaine. Organisée du 8 au 13 décembre 2025, cette rencontre au sommet a réuni les ministres et les experts du continent pour statuer sur les grandes orientations stratégiques de l’organisation. L’adoption du rapport de cette session constitue un marqueur décisif : les instances de l’UA y ont explicitement salué et confirmé l’accueil par le Maroc de cette structure centrale.
L’aval stratégique de l’Union Africaine
Cette décision prise à Bujumbura dépasse le simple cadre protocolaire. Elle reflète l’adhésion pleine et entière des États membres à la proposition marocaine, perçue comme un gage de stabilité et d’efficacité pour la gouvernance culturelle africaine. En validant le siège du Comité des capitales de la culture africaine à Rabat, le CTS de l’Union Africaine reconnaît la capacité du Royaume à offrir un environnement technique et logistique aux standards internationaux, nécessaire au déploiement d’un programme d’une telle envergure.
Les travaux de la session ont mis en exergue la nécessité pour l’Afrique de se doter d’institutions robustes pour porter sa voix sur la scène mondiale. L’installation de ce secrétariat permanent au Maroc répond à cet impératif d’opérationnalité. Elle permet de sortir de la gestion événementielle pour entrer dans une phase de planification stratégique, indispensable pour que le label « Capitale africaine de la Culture » ne soit pas qu’une fête passagère, mais un véritable accélérateur de développement urbain et humain. La mention explicite de cette installation dans les conclusions de la réunion de Bujumbura scelle ainsi la confiance placée par l’institution panafricaine en la diplomatie culturelle déployée par le Royaume.
L’aboutissement d’un processus institutionnel
Si la confirmation burundaise de décembre 2025 constitue un point d’orgue, elle est le fruit d’une séquence diplomatique rigoureusement orchestrée. Les fondations de cette implantation avaient été posées dès juillet 2023, lors de la 43e session du Conseil exécutif de l’Union Africaine à Nairobi, au Kenya. C’est dans ce cadre que la décision historique (EX.CL/Dec.1210) d’attribuer le siège au Maroc avait été formulée, reconnaissant le rôle pionnier joué par Rabat lors de sa propre célébration en tant que première Capitale africaine de la Culture entre 2022 et 2023.
La matérialisation juridique de cet engagement politique s’est opérée un an plus tard, sur le sol marocain. Le 10 septembre 2024, une cérémonie solennelle au ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication à Rabat a vu la signature officielle de l’accord de siège. Ce document fondateur a été paraphé par le ministre Mohamed Mehdi Bensaid et le Secrétaire général du Comité, Michel Saba. Cet accord ne se limitait pas à la mise à disposition de locaux ; il définissait les prérogatives, les immunités et les moyens d’action du siège du Comité des capitales de la culture africaine, garantissant son autonomie et sa capacité d’initiative. Cette signature a marqué le passage de l’intention politique à la réalité administrative, permettant aux équipes de commencer leur travail de structuration bien avant la confirmation finale du CTS à Bujumbura.
Le Comité des Capitales, levier de structuration continentale
L’installation physique de cette institution à Rabat n’est pas une fin en soi, mais le prélude à une action de fond sur les écosystèmes culturels du continent. Le siège a pour vocation de devenir le cerveau opérationnel du programme des Capitales africaines de la Culture. Sa mission première consiste à encadrer le processus de sélection et d’accompagnement des villes candidates, en veillant à ce que chaque édition respecte un cahier des charges exigeant en matière d’infrastructures, de programmation artistique et d’héritage durable.
Fédérer les écosystèmes créatifs
Depuis ses bureaux de Rabat, le Comité a la lourde tâche de structurer un réseau panafricain de villes créatives. Le siège du Comité des capitales de la culture africaine fonctionne comme un centre de ressources et d’expertise, chargé d’accompagner les métropoles africaines dans la valorisation de leur patrimoine et la professionnalisation de leurs industries culturelles. Il ne s’agit plus seulement d’organiser des festivals, mais de penser la culture comme une filière économique à part entière, pourvoyeuse d’emplois pour la jeunesse.
L’expérience acquise par Rabat lors de son année capitale sert aujourd’hui de matrice pour les futures éditions. Le siège centralise ces retours d’expérience, élabore des méthodologies de gestion de projets culturels et facilite la circulation des artistes et des œuvres entre les différentes régions du continent. En agissant comme un incubateur de politiques culturelles urbaines, le Comité ambitionne de renforcer la visibilité internationale de la création africaine, tout en stimulant le tourisme culturel et l’attractivité territoriale des villes élues.
Le modèle marocain au service de la coopération Sud-Sud
L’accueil de cette structure s’inscrit en droite ligne de la vision royale prônant une coopération Sud-Sud active et solidaire. Le Maroc ne se positionne pas ici en simple hôte, mais en acteur engagé de l’intégration africaine par la culture. La présence à Rabat du siège de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique), dirigé par Jean Pierre Elong Mbassi, crée d’ailleurs une synergie naturelle avec le nouveau siège du Comité. Ces deux entités travaillent de concert pour placer les territoires au cœur de la renaissance culturelle du continent.
En hébergeant le siège du Comité des capitales de la culture africaine, le Royaume confirme sa vocation de terre d’accueil et de dialogue. Cette centralité géographique et politique permet de créer des ponts entre les aires culturelles anglophones, francophones, lusophones et arabophones de l’Afrique. C’est depuis Rabat que se penseront désormais les grandes convergences artistiques qui feront de la culture le ciment de l’unité africaine, transformant chaque capitale désignée en une vitrine de l’excellence et de la diversité d’un continent en pleine effervescence créative.

