Peinture au Maroc : 5 artistes contemporains à connaître

La peinture au Maroc n’est pas un art figé dans le passé. Au contraire, c’est une scène vibrante et en constante réinvention. Ici, les échos de la calligraphie et du zellige dialoguent avec l’abstraction mondiale. Pour bien comprendre cette richesse, il est essentiel de connaître les pionniers de la modernité. Ensuite, nous découvrirons les figures qui définissent cet art aujourd’hui.

L’héritage des pionniers : aux racines de la modernité marocaine

Dans les années 60, le Maroc post-indépendance a vu naître une révolution artistique. En effet, un groupe d’artistes a redéfini l’identité visuelle du pays. Ces créateurs, réunis au sein de l’École de Casablanca, ont rompu avec l’académisme colonial. Leur but était donc de forger un art à la fois marocain et moderne.

Mohamed Chabâa, le bâtisseur d’un art total

Mohamed Chabâa (1935-2013) était un intellectuel, peintre et designer. De ce fait, il fut l’un des architectes de cette révolution. Pour lui, l’art ne devait pas se limiter aux galeries. Au contraire, il devait faire partie de la vie quotidienne. Ainsi, Chabâa a créé un pont magistral entre l’artisanat traditionnel et l’abstraction apprise en Europe. Dans ses toiles, par exemple, les rythmes du zellige sont réinterprétés. Il utilise pour cela un langage moderniste audacieux, où la couleur et l’équilibre transmettent un message d’unité.

Mohamed Melehi, la vague énergique et pop

De son côté, Mohamed Melehi (1936-2020) a injecté une énergie nouvelle dans l’art marocain. Son style a été nourri par ses expériences à Rome et New York. Là-bas, au contact des peintres « Hard-Edge », il a développé sa signature : des aplats de couleurs vives et ondulantes. C’est ainsi qu’est né son motif iconique de la « vague ». Ce symbole puissant évoque à la fois les paysages de sa ville, Asilah, et les courbes de la calligraphie. Mais Melehi était plus qu’un peintre ; c’était aussi un activiste culturel. En effet, il fut directeur artistique de la revue Souffles. De plus, il a co-fondé le festival d’Asilah, transformant la ville en galerie à ciel ouvert.

La scène actuelle : visages de la peinture marocaine d’aujourd’hui

Aujourd’hui encore, l’héritage de l’École de Casablanca infuse la peinture au Maroc. En effet, de nombreux artistes aux parcours singuliers poursuivent cette exploration. Ils s’interrogent sur l’identité, la spiritualité et la condition humaine.

Malika Agueznay, la poésie gravée dans la couleur

L’œuvre de Malika Agueznay est une véritable quête spirituelle. Elle traduit ses idées en formes et en couleurs. Souvent, son point de départ est un « mot ». Il ne s’agit pas de calligraphie, mais plutôt d’un concept porteur de sens et d’espoir. Ce mot devient alors le cœur caché de la toile. À partir de là, l’idée se déploie en compositions abstraites. Sa peinture est une invitation à percevoir au-delà du visible. C’est, comme elle le dit, un « chant auroral » qui nous fait sentir le souffle de la vie.

Mahi Binebine, entre l’ombre et la lumière

Né à Marrakech en 1959, Mahi Binebine est une figure majeure de la scène artistique. Il est aussi un écrivain de renommée mondiale. Après des études à Paris et un passage à New York, il est revenu travailler à Marrakech. Son œuvre, puissante et émouvante, place l’humain au centre. D’ailleurs, ses toiles explorent la souffrance, l’enfermement et la liberté. Il peint pour cela des silhouettes stylisées, presque fantomatiques. Ses œuvres figurent dans des collections prestigieuses, comme celle du Musée Guggenheim de New York.

Najia Mehadji, le geste calligraphique abstrait

Née à Paris en 1950, Najia Mehadji est une artiste franco-marocaine. Elle incarne une synthèse fascinante entre Orient et Occident. Son travail est profondément gestuel, lié au rythme du corps. En effet, elle conçoit l’acte de peindre comme une méditation. Ses longues courbes fluides évoquent la danse des derviches tourneurs. Cependant, elles rappellent aussi la liberté de l’expressionnisme abstrait. Pour elle, l’art est un voyage universel qui crée un lien entre le sensible et le sacré.

Au-delà des toiles : thèmes et enjeux de la peinture marocaine

Le dialogue entre identité et globalisation

Une constante traverse la peinture au Maroc : la tension entre racines locales et influences globales. Loin de se replier sur le folklore, les artistes marocains dialoguent avec le monde. Ils puisent dans leur patrimoine, comme l’artisanat ou la spiritualité. Toutefois, leur but n’est pas de le reproduire. Il s’agit plutôt d’en extraire une essence universelle.

La vitalité de l’abstraction

Bien que certains artistes explorent la figuration, l’abstraction reste un langage privilégié au Maroc. Qu’elle soit géométrique, ondulatoire ou calligraphique, elle offre un immense espace de liberté. Elle permet ainsi d’exprimer des concepts complexes. L’harmonie, le rythme ou encore le sacré peuvent être suggérés sans être enfermés dans une image littérale.

Un art vivant, tourné vers l’avenir

La peinture au Maroc est donc le fruit d’une histoire riche. Elle est marquée par une quête d’indépendance et une grande ouverture. Les artistes présentés ici montrent la vitalité de cette scène. Ils sondent les profondeurs de l’âme humaine tout en célébrant un héritage unique. Finalement, ils prouvent que l’art marocain est une voix puissante dans la création contemporaine mondiale.