Ce week-end, la commune de M’hamid El Ghizlane, aux portes du Sahara, a accueilli une nouvelle édition du festival Zamane. Positionné comme un événement culturel immersif, il a mis en avant les traditions vivantes de la région. Au-delà de sa programmation musicale, le festival s’affirme comme un acteur de la préservation du patrimoine nomade et un laboratoire pour un modèle de tourisme plus durable, des enjeux cruciaux pour le sud du Maroc.
M’hamid El Ghizlane, un cadre historique pour une ambition contemporaine
Le choix du lieu de l’événement est fondateur de son identité. M’hamid El Ghizlane n’est pas seulement un paysage de dunes ; c’est un lieu historiquement stratégique, connu pour avoir été la dernière grande étape des caravanes transsahariennes en route vers Tombouctou. C’est sur ce terreau historique que le festival Zamane au sud du Maroc ancre son projet culturel.
Un concept basé sur l’immersion
Contrairement aux grands événements musicaux, le festival Zamane se revendique du « slow tourism ». Le concept repose sur une immersion réelle, favorisant les interactions entre les populations locales, les artistes, les visiteurs nationaux et les voyageurs étrangers. L’absence de zones VIP et la simplicité des infrastructures visent à créer un espace de rencontre horizontal, où le partage d’un repas ou d’un thé devient une partie intégrante de l’expérience festivalière.
Une ligne artistique entre tradition et modernité
La programmation musicale a été conçue comme un dialogue des cultures. Les scènes ont mis en avant des formes d’expression traditionnelles, telles que la danse collective de l’Ahouach ou les chants mystiques des Gnawa. La poésie hassanie, pilier de la culture orale nomade, a également occupé une place centrale. En parallèle, des artistes de la scène contemporaine marocaine, comme la chanteuse Oum dont l’œuvre est notoirement inspirée par ses racines sahraouies, ont été programmés pour illustrer la capacité de cet héritage à nourrir la création actuelle.
Le patrimoine immatériel, véritable enjeu du festival
L’analyse de l’événement montre que la musique fonctionne comme un produit d’appel pour une ambition plus large : la sauvegarde et la transmission du patrimoine vivant du Sahara. Le festival agit de fait comme un conservatoire temporaire à ciel ouvert.
La transmission comme mission principale
Face aux mutations sociales et à l’urbanisation qui fragilisent les modes de vie traditionnels, le festival Zamane au sud du Maroc s’est donné pour mission de créer une plateforme de visibilité pour les détenteurs de savoirs. En offrant une scène aux conteurs, poètes et musiciens locaux, il participe à la légitimation de leur art et encourage sa transmission aux jeunes générations de la région, qui peuvent ainsi se réapproprier fièrement leur héritage culturel.
Les ateliers, outils de médiation culturelle
En journée, le festival a organisé des ateliers pratiques fonctionnant comme des outils de médiation. Les participants ont pu découvrir des savoir-faire spécifiques, comme la technique de cuisson du « pain de sable » ou les bases de l’artisanat local. Les courses de dromadaires, au-delà de l’aspect spectaculaire, ont permis de mettre en lumière la complexité de la culture nomade et la relation essentielle entre l’homme et l’animal. Ces activités transforment le visiteur passif en participant actif.
Un modèle de développement en observation
Par son organisation et son impact, l’événement se positionne comme une étude de cas pour le développement économique et touristique de la région.
Un contre-modèle au tourisme de masse
Le modèle économique du festival Zamane est explicitement conçu pour maximiser les retombées locales. En privilégiant l’hébergement chez l’habitant, les bivouacs à gestion familiale et la restauration locale, il assure une redistribution directe des revenus aux communautés d’accueil. Cette approche s’oppose au tourisme de masse et propose une alternative basée sur l’authenticité et le respect de l’écosystème social et environnemental.
Le défi de la pérennité
Comme tout événement à succès, le festival est confronté au défi de sa propre croissance. La question de sa pérennité se pose en termes de capacité à grandir sans dénaturer son concept original. Le maintien de l’implication forte des communautés locales dans la gouvernance du projet sera déterminant pour éviter l’écueil de la folklorisation et garantir que le festival reste un outil au service du territoire.
Un événement aux multiples impacts
En définitive, le festival Zamane au sud du Maroc dépasse le cadre d’un simple événement musical. Il se positionne comme un projet à la fois culturel, social et économique, dont l’objectif est la valorisation d’un héritage fragile. Face à une demande croissante pour des expériences de voyage authentiques, le modèle proposé par Zamane interroge et pourrait bien inspirer d’autres initiatives visant à allier préservation du patrimoine et développement local.

