Trésors vivants du Maroc : 15 joyaux culturels inscrits au patrimoine immatériel de l’UNESCO

Du henné aux danses guerrières du Haut-Atlas, en passant par la calligraphie arabe et les saveurs du couscous, le Maroc déploie une richesse culturelle exceptionnelle, reconnue et protégée par l’UNESCO. Quinze traditions artistiques, artisanales et culinaires témoignent d’un savoir-faire ancestral et d’une identité plurielle que le Royaume s’attache à préserver et à transmettre.

Le henné, symbole de fête et de transmission

Inscrit en 2024, le henné est bien plus qu’une simple plante tinctoriale. Au Maroc, il incarne la joie, la beauté et l’unité communautaire. Appliqué sur les cheveux ou les mains lors des mariages, naissances ou fêtes religieuses, il s’accompagne de chants, poèmes et gestes transmis de génération en génération.

Le Malhoun, poésie chantée et populaire

Classé en 2023, le Malhoun associe poésie en arabe dialectal, musique et théâtre. Ses textes, parfois en hébreu, célèbrent l’amour, la nature, la foi ou encore la gastronomie. Jadis transmis oralement par poètes et musiciens, il continue aujourd’hui de résonner sur les scènes et festivals marocains.

La gravure sur métaux précieux

Également inscrite en 2023, cette pratique artisanale sublime l’or, l’argent ou le cuivre en bijoux et objets décoratifs ornés de motifs géométriques ou religieux. Offertes lors de grandes occasions ou investies d’une valeur symbolique et médicinale, ces pièces perpétuent un savoir-faire appris dans les ateliers familiaux et écoles spécialisées.

Le palmier dattier, pilier des oasis

Reconnu par l’UNESCO depuis 2022, le palmier-dattier est une véritable source de vie dans les zones arides. Nourriture, artisanat, ombre et inspiration poétique : il occupe une place centrale dans les traditions sociales et économiques des régions oasiennes.

La tbourida, chevauchée guerrière

Spectacle équestre spectaculaire, la tbourida — inscrite en 2021 — perpétue les parades militaires traditionnelles arabo-amazighes. Cavaliers et cavalières, parés de costumes d’époque, exécutent charges et tirs synchronisés, alliant performance sportive, héritage tribal et dimension spirituelle.

La fauconnerie, héritage millénaire

Pratiquée depuis plus de 4 000 ans, la fauconnerie marocaine, répertoriée par l’UNESCO en 2021, conjugue art de la chasse, loisir et préservation de la faune. Elle fédère des communautés autour de valeurs partagées et d’un lien intime avec la nature.

La calligraphie arabe, élégance des lettres

Depuis 2021, l’UNESCO reconnaît la calligraphie arabe comme un art majeur. Du calame traditionnel aux calligraffiti contemporains, elle transforme les lettres en compositions harmonieuses, gravées sur papier, pierre, bois ou métal.

Le couscous, symbole de convivialité

Classé en 2020, le couscous dépasse la simple gastronomie : c’est un rituel collectif. De la culture du blé à la cuisson à la vapeur, chaque étape illustre un savoir-faire transmis et partagé lors de repas festifs.

La culture gnaoua, musique et transe

Inscrite en 2019, la tradition gnaoua mêle musique soufie, rituels thérapeutiques et influences africaines, arabes et berbères. Festivals et associations veillent à préserver cette culture à la fois sacrée et conviviale.

La Taskiwin, danse martiale du Haut-Atlas

Répertoriée en 2017 sur la liste nécessitant une sauvegarde urgente, la Taskiwin associe mouvements d’épaules, instruments traditionnels et cornes décorées. Menacée par le désintérêt des jeunes, cette danse guerrière du Haut-Atlas renaît grâce à l’engagement d’associations locales marocaines.

L’argan, or vert du Maroc

Depuis 2014, l’UNESCO protège les savoir-faire liés à l’arganier. De la récolte des fruits au pressage, ces techniques ancestrales, transmises surtout par les femmes rurales, participent à la préservation d’un écosystème unique.

La diète méditerranéenne, art de vivre

Inscrite en 2013, la diète méditerranéenne repose sur l’hospitalité, le respect des saisons, le partage des repas et la valorisation des marchés et fêtes traditionnelles, bien au-delà d’une simple alimentation saine.

Le festival des cerises de Sefrou

Reconnue par l’UNESCO en 2012, cette fête populaire de trois jours (organisée en juin) célèbre la cerise et les traditions locales. Élection de la Reine, défilés, fantasia et artisanat animent la ville de Sefrou et renforcent son identité.

Jemaa el-Fna, cœur battant de Marrakech

Proclamée patrimoine immatériel en 2001 et inscrite en 2008, la célèbre place de Marrakech est un théâtre à ciel ouvert : conteurs, musiciens, charmeurs de serpents, gastronomie de rue… Menacée par l’urbanisation, Jemaa el-Fna reste un haut lieu de vie culturelle.

Le Moussem de Tan-Tan, rendez-vous des nomades

Également inscrit en 2008, ce rassemblement des tribus sahraouies conjugue commerce, compétitions équestres, mariages et arts populaires. Après une longue interruption, le Moussem de Tan-Tan a retrouvé toute sa vitalité et joue un rôle essentiel dans la transmission des traditions bédouines.

Le patrimoine culinaire marocain au cœur d’un projet mondial

Sur les 15 traditions marocaines inscrites au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, cinq relèvent du domaine culinaire : la diète méditerranéenne, le couscous, le festival des cerises de Sefrou, les savoir-faire liés à l’arganier et le marché de Jemaa el-Fna.

Forte de cet héritage, le Maroc participe à la phase pilote de l’Atlas international du patrimoine culinaire, accompagné d’une plateforme numérique destinée à sauvegarder et transmettre les pratiques alimentaires. Ce projet, mené par l’UNESCO en partenariat avec les ministères de la Culture du Maroc et d’Arabie saoudite, vise à recenser et valoriser les traditions culinaires du monde entier, en intégrant savoir-faire agricoles, techniques de préparation et récits culturels.

Pour enrichir sa contribution, le Royaume a lancé le 21 avril 2025 une concertation nationale mobilisant experts, acteurs du patrimoine, représentants du monde agricole et professionnels de la gastronomie. Cette initiative répond à l’appel de l’UNESCO, qui considère l’alimentation comme un « patrimoine vivant » menacé par le changement climatique, la mondialisation et l’érosion de la transmission intergénérationnelle.

La plateforme interactive en préparation rassemblera recettes, gestes ancestraux, histoires et bonnes pratiques afin de préserver et de partager la diversité gastronomique mondiale. La cuisine marocaine y tiendra une place privilégiée. Une première présentation est attendue d’ici au 31 décembre 2026, avant la mise en ligne complète de l’Atlas prévue pour fin 2027.

La rédaction

Cultures du Maroc est un média en ligne collaboratif porté par une nouvelle génération de passionné·e·s, déterminé·e·s à faire rayonner la richesse du patrimoine culturel marocain sous toutes ses formes.