La 20e édition du Festival Timitar se tiendra à Agadir du 17 au 19 décembre 2025, marquant deux décennies d’existence sous le signe de l’ouverture culturelle et de la célébration des identités. Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cet événement gratuit investira la Place Al Amal et le Théâtre de Verdure avec une programmation réunissant artistes amazighs et figures internationales. Organisé exceptionnellement en décembre, ce rendez-vous fait office de prélude culturel majeur à la Coupe d’Afrique des Nations, positionnant la capitale du Souss au centre de l’attention continentale quelques jours avant le début de la compétition sportive.
Un anniversaire stratégique : La culture en préambule du football
L’organisation de cette édition anniversaire en décembre ne relève pas du hasard. En se positionnant juste avant le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations, dont plusieurs rencontres se disputeront à Agadir, le festival bénéficie d’une synchronisation inédite. Cette temporalité permet à l’événement de capter l’attention d’une presse internationale déjà mobilisée sur le territoire et d’offrir aux visiteurs une première immersion dans l’effervescence marocaine. Timitar s’affirme ainsi comme le premier grand rendez-vous culturel précédant le tournoi, transformant la ville en un carrefour diplomatique et artistique avant de devenir une arène sportive.
Depuis sa création en 2004, le festival a su fidéliser un large public, attirant près de 200 000 spectateurs annuels. Sa gratuité et son accessibilité restent des piliers fondamentaux, garantissant une mixité sociale forte au sein des foules qui se pressent aux concerts. En maintenant ce modèle ouvert malgré l’ampleur logistique requise par la proximité de la CAN, les organisateurs consolident le statut de Timitar comme l’un des festivals culturels du Maroc les plus inclusifs et structurants pour la région Souss-Massa.
Une programmation tricontinentale : L’Amazighité comme socle
La ligne directrice du festival demeure inchangée après vingt ans : « les artistes amazighs accueillent les musiques du monde ». Cette signature permet de construire une programmation où le patrimoine local ne sert pas de simple décor, mais de structure d’accueil pour les sonorités venues d’ailleurs. Cette approche singulière distingue Timitar des autres grands festivals culturels du Maroc, en plaçant l’identité régionale sur un pied d’égalité avec les têtes d’affiche internationales.
L’Afrique en ouverture : Racines et modernité
La soirée d’ouverture du 17 décembre sera consacrée au continent africain, illustrant les liens profonds entre le Maroc et ses racines subsahariennes. La scène verra notamment la création inédite « Ahwach Bnat Louz x Raskas », un projet porté par Tekchbila qui fusionne la poésie amazighe traditionnelle et les rythmes du Souss avec des textures électroniques modernes. Cette volonté de faire dialoguer les époques se retrouvera également avec la présence de Fatima Tabaamrant. Figure tutélaire de la chanson amazighe, elle incarne depuis plus de trois décennies la mémoire vivante et la résistance culturelle de la région.
Le volet international de cette première soirée sera assuré par Alpha Blondy. La légende ivoirienne du reggae, connue pour son engagement politique et spirituel, apportera une dimension panafricaine à l’événement. La programmation inclura également la nouvelle garde de l’afro-pop avec la Gabonaise Shan’L et la Camerounaise Krys M, dont les succès récents témoignent du dynamisme des scènes urbaines du continent. En réunissant ces générations, Timitar se positionne comme une vitrine de la diversité africaine, un rôle essentiel pour l’un des festivals culturels du Maroc les plus tournés vers le sud.
Dialogues d’Orient et Méditerranée
Le 18 décembre, le festival orientera son regard vers l’Est et le bassin méditerranéen. L’Égypte sera particulièrement représentée à travers ses courants urbains contemporains. Le groupe Double Zuksh proposera une fusion de mahraganat et de hip-hop, tandis que Wegz, véritable phénomène générationnel, déploiera son style mêlant trap et pop qui a conquis la jeunesse du Moyen-Orient.
En contrepoint de cette modernité électronique, le groupe mythique Izenzaren montera sur scène. Fondé dans les années 1970, ce groupe reste le porte-voix indémodable de la culture amazighe moderne, assurant le lien entre le passé et le présent. La soirée sera aussi marquée par la prestation de Marwa Nagy, accompagnée par l’Orchestre Hicham Telmoudi, pour un hommage aux grandes voix du répertoire arabe classique. Enfin, le groupe AZA, basé en Californie, illustrera la capacité de la musique amazighe à s’exporter et à se réinventer au contact des influences américaines, prouvant la portée internationale des festivals culturels du Maroc.
La scène marocaine : Entre héritage et fusion
La soirée de clôture du 19 décembre recentrera les projecteurs sur le patrimoine national et ses évolutions actuelles. Les troupes traditionnelles, telles qu’Ahwach Aglagal de l’Anti-Atlas, offriront des performances immersives mêlant danse, chant et poésie, rappelant l’importance de la transmission orale. L’héritage sera aussi célébré par Badr Ouabi, qui rendra hommage au maître du loutar, Mohamed Rouicha.
La relève sera assurée par des artistes comme Khalid Al Waabani, qui revisite l’art du Tagroubbit, ou Nacim Haddad, qui insuffle une énergie nouvelle à l’Aita. La pop marocaine sera représentée par Jaylann, tandis que le groupe Labess clôturera ce voyage avec son « gipsy-chaâbi », fusionnant rythmes africains, flamenco et rumba gitane.
Agadir métamorphosée : Des infrastructures au diapason
Au-delà de la musique, cette 20e édition servira de révélateur aux transformations urbaines d’Agadir. Les concerts se dérouleront sur deux sites emblématiques ayant bénéficié de réhabilitations majeures. La Place Al Amal a été entièrement réaménagée en 2025 pour offrir de nouveaux espaces publics et une accessibilité renforcée, adaptée aux grandes affluences attendues pour la CAN. Parallèlement, le Théâtre de Verdure, récemment restauré, reprend sa place comme espace scénique stratégique pour les concerts et les captations audiovisuelles. Ces mises à niveau techniques permettent à Timitar de maintenir des standards de production élevés, consolidant ainsi la réputation de la capitale du Souss comme terre d’accueil des grands événements internationaux.

