Alors que les festivals de théâtre, de cinéma et d’art numérique animent le Royaume de Tanger à Agadir, une autre révolution, plus silencieuse mais tout aussi puissante, se joue sur les toiles et dans les ateliers. Loin de l’effervescence médiatique, des artistes peintres façonnent l’identité culturelle du Maroc de demain. Cultures du Maroc vous propose une plongée au cœur d’une scène artistique bouillonnante, portée par des maîtres inspirants et une nouvelle garde audacieuse qui fait la une de l’actualité culturelle au Maroc.
Plus que des festivals, une scène picturale en pleine effervescence
De Tanger à Casablanca, l’actualité culturelle marocaine vibre au rythme de grands événements qui célèbrent le spectacle vivant et l’art numérique, comme le montrent les récentes éditions du Festival international du théâtre universitaire ou du Festival international d’art vidéo. Ces manifestations, essentielles au rayonnement du pays, sont la partie la plus visible d’un écosystème créatif bien plus vaste. En coulisses, une scène artistique picturale, riche de son histoire et résolument tournée vers l’avenir, connaît une effervescence sans précédent. La véritable vitalité culturelle du Maroc se mesure aussi à la force de ses créateurs de fond, ceux dont les œuvres interrogent, bousculent et définissent les contours d’une identité en mouvement. Découvrons ensemble les figures majeures et les talents émergents qui font de la peinture le cœur battant de la création marocaine.
Les héritiers de la lumière : ces maîtres qui continuent d’inspirer
La scène contemporaine marocaine ne serait rien sans les fondations bâties par des pionniers audacieux, dont l’héritage n’est pas un poids, mais un tremplin qui continue d’inspirer la créativité actuelle. L’un des plus illustres d’entre eux est sans conteste Mahi Binebine. Artiste aux multiples facettes, à la fois peintre, sculpteur et romancier de renommée internationale, il place la condition humaine au centre de son œuvre. Ses toiles, souvent peuplées de silhouettes enchevêtrées, explorent les thèmes de l’exil, de la douleur, mais aussi de l’espoir et de la fraternité. Son style expressif et puissant a une influence considérable sur la jeune génération, qui voit en lui un maître capable de transformer les tragédies en une poésie visuelle universelle.
Cette transmission s’ancre également dans des mouvements collectifs historiques. Dans les années 1960, des artistes comme Mohamed Melehi et Mohammed Chabâa, figures de proue de l’École de Casablanca, ont opéré une véritable révolution. En rejetant l’orientalisme et en puisant dans les formes de l’artisanat marocain (zellige, calligraphie) pour créer un langage abstrait et moderne, ils ont affirmé une identité artistique purement marocaine. Aujourd’hui, leur vision d’un art intégré à la vie publique et leur palette de couleurs vibrantes résonne encore fortement dans les œuvres de nombreux artistes contemporains.
La nouvelle garde : portraits d’artistes qui redéfinissent l’art marocain
Portée par une diversité de styles et de voix, une nouvelle génération d’artistes s’impose sur la scène nationale et internationale, témoignant d’une créativité décomplexée qui fait l’actualité culturelle au Maroc. La sélection de l’artiste Amina Agueznay et de la curatrice Meryem Berrada pour représenter le Maroc à la prestigieuse Biennale de Venise 2026 est un fait marquant et récent. Leur projet « Asǝṭṭa », qui valorise les savoir-faire artisanaux comme le tissage en tant que langage contemporain, a été choisi pour le tout premier pavillon officiel du Maroc. Cette participation historique illustre parfaitement comment la nouvelle scène marocaine dialogue avec son patrimoine pour s’inscrire dans les plus grandes conversations de l’art mondial.
Cette nouvelle vague ne se limite pas à un seul style. Avec ses dessins monumentaux à l’encre qui envahissent les murs, Abdelkader Benchamma repousse les frontières traditionnelles de la peinture. Ses œuvres, souvent en noir et blanc, sont des explorations métaphysiques de l’univers, de la matière et du temps, dont la reconnaissance internationale confirme que la scène marocaine est aussi un lieu d’expérimentation formelle et conceptuelle de premier plan. Dans un registre plus introspectif, l’œuvre de Safaa Erruas est une méditation sur la fragilité et la résilience. Travaillant principalement avec la couleur blanche, elle intègre à ses toiles des objets du quotidien comme des fils, des aiguilles ou des éclats de verre. Son langage, minimaliste en apparence, est chargé d’une grande puissance émotionnelle et politique, abordant des thèmes comme la blessure, la cicatrice et la mémoire corporelle.
Où le pouls de la peinture marocaine bat-il le plus fort ?
Mais un artiste, aussi talentueux soit-il, ne crée pas dans le vide. Cette vitalité artistique foisonnante est soutenue et amplifiée par un écosystème de plus en plus structuré, essentiel à la découverte, la consécration et la visibilité des créateurs.
Les musées, gardiens de la mémoire et acteurs du présent
Des institutions comme le Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain (MMVI) à Rabat et le Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden (MACAAL) à Marrakech jouent un rôle fondamental. En organisant des rétrospectives de maîtres marocains tout en offrant une plateforme de premier ordre à la jeune création, ils créent un pont indispensable entre l’histoire et le présent de l’art marocain, agissant à la fois comme conservatoires et projecteurs.
Le rôle crucial des galeries d’art
Véritables détecteurs de talents, des galeries comme L’Atelier 21 à Casablanca sont des acteurs clés du marché de l’art. Elles jouent un rôle de défricheur en accompagnant les artistes dans leur carrière, en assurant leur promotion lors de foires internationales et en contribuant à structurer le marché. Ce travail est un aspect vital de l’actualité culturelle au Maroc, car il permet aux artistes de vivre de leur art et de rencontrer leur public.
Une peinture vivante, reflet d’un Maroc en mouvement
La peinture marocaine contemporaine est un formidable baromètre de la société qui la nourrit. En dialoguant avec le passé sans jamais cesser d’innover, les artistes, de Mahi Binebine à la nouvelle garde, dessinent les contours d’un Maroc pluriel, complexe et tourné vers l’avenir. Ils prouvent que l’art pictural est bien plus qu’une discipline artistique : c’est un pilier essentiel et dynamique de l’actualité culturelle au Maroc, où la tradition s’avère être le plus fertile des terreaux pour l’innovation.

