Casablanca et Oujda au réseau mondial des villes apprenantes

C’est une reconnaissance majeure qui vient couronner la stratégie de décentralisation culturelle et éducative du Royaume. Ce 5 décembre 2025, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture a officiellement intégré les villes de Casablanca et d’Oujda au sein de son prestigieux cercle de coopération internationale. En rejoignant cette plateforme d’échange, les deux métropoles marocaines s’engagent à placer l’éducation au centre de leur développement urbain, confirmant ainsi la volonté du Maroc de faire de ses territoires des incubateurs de savoir et d’inclusion sociale.

Une consécration internationale pour deux métropoles marocaines

L’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL), basé à Hambourg, a rendu publique la liste des nouveaux membres lors d’une cérémonie virtuelle qui a réuni les représentants des gouvernements locaux du monde entier. Cette admission n’est pas une simple formalité protocolaire ; elle marque l’aboutissement de dossiers de candidature rigoureux, démontrant une capacité concrète à mobiliser des ressources pour l’apprentissage inclusif. En intégrant le Réseau mondial des villes apprenantes, la capitale économique et la capitale de l’Oriental s’alignent sur des standards internationaux d’excellence, promettant de transformer l’espace public en un vaste campus à ciel ouvert.

Une nouvelle vague d’adhésions mondiale

Cette annonce s’inscrit dans une dynamique d’expansion sans précédent pour l’institution onusienne. Au total, ce sont 72 villes issues de 46 pays qui ont été cooptées lors de cette session 2025. De l’Amérique Latine à l’Asie du Sud-Est, ces nouveaux membres partagent une vision commune : celle d’une ville qui ne se contente pas d’héberger des écoles, mais qui respire l’éducation dans chacune de ses politiques publiques. Pour le Maroc, la validation simultanée de deux dossiers aussi complexes que ceux de Casablanca et Oujda témoigne de la maturité des gouvernances locales et de leur aptitude à porter des projets structurants à l’échelle globale.

Le choix stratégique de l’UNESCO

La sélection opérée par l’UNESCO repose sur des critères stricts, directement liés à l’Objectif de développement durable numéro 4 (ODD 4), qui vise à assurer une éducation de qualité pour tous. L’organisation a particulièrement valorisé les plans d’action marocains axés sur la réduction des inégalités et la promotion d’une culture de l’apprentissage continu. Il ne s’agit plus seulement d’enseignement formel, mais d’une approche holistique incluant l’éducation non formelle, la formation professionnelle en entreprise et l’apprentissage intergénérationnel. Les experts de l’UIL ont salué la pertinence des mécanismes de financement et de suivi proposés par les édiles marocains pour pérenniser ces initiatives.

Casablanca : L’apprentissage au cœur de la résilience urbaine

Pour la métropole tentaculaire de Casablanca, l’enjeu est de taille. Sous la houlette de la maire Nabila Rmili, la ville a dû prouver que sa densité démographique et ses défis socio-économiques pouvaient être convertis en opportunités d’apprentissage. L’adhésion au Réseau mondial des villes apprenantes offre à la Cité Blanche un cadre méthodologique pour repenser ses interactions sociales. La stratégie casablancaise repose sur l’idée que chaque citoyen, quel que soit son âge ou son milieu, doit pouvoir accéder à des outils de formation pour s’adapter aux mutations rapides du marché du travail et de la vie urbaine.

L’inclusion sociale par l’éducation

Le dossier de candidature de Casablanca a mis un accent particulier sur les populations vulnérables. La municipalité a déployé une série de programmes visant à réintégrer les jeunes déscolarisés et à autonomiser les femmes par le biais de l’entrepreneuriat social. Des initiatives locales, soutenues par le tissu associatif dense des quartiers périphériques, visent à transformer les maisons de jeunes et les centres culturels en véritables hubs de compétences. L’objectif est de briser les plafonds de verre et de faire de l’éducation un levier puissant de cohésion sociale, réduisant ainsi les fractures qui traversent parfois le tissu urbain de la mégalopole.

Moderniser les infrastructures du savoir

L’engagement de Casablanca passe également par une refonte de ses infrastructures. La ville ambitionne de connecter ses bibliothèques et ses espaces publics via des solutions numériques innovantes, facilitant l’accès aux ressources pédagogiques à distance. Ce projet de « Smart Learning City » prévoit l’installation de bornes interactives et le développement de plateformes d’e-learning accessibles gratuitement. En liant mobilité urbaine et accessibilité au savoir, Casablanca entend démontrer que la technologie, lorsqu’elle est bien orientée, peut devenir le moteur d’une démocratisation effective de la culture et de la connaissance.

Oujda : L’Oriental comme nouveau pôle de compétences

À l’est du Royaume, Oujda présente un profil différent mais tout aussi ambitieux. Ville frontalière et carrefour historique, elle s’appuie sur son identité forte et son université Mohammed Premier pour bâtir son modèle de ville apprenante. Le maire Mohamed Azzaoui a défendu une vision où l’ancrage territorial et l’ouverture internationale se nourrissent mutuellement. L’entrée d’Oujda dans le Réseau mondial des villes apprenantes consacre les efforts de toute une région pour se positionner comme un pôle d’excellence académique et culturel, capable de retenir ses talents et d’attirer des investissements à haute valeur ajoutée.

Fédérer les énergies locales

La force de la proposition oujdie réside dans la synergie exemplaire entre l’université, les autorités locales et la société civile. Les projets validés par l’UNESCO incluent des partenariats pour la valorisation du patrimoine immatériel local et des programmes d’éducation à l’environnement. Oujda mise sur l’engagement civique de sa jeunesse pour dynamiser la vie locale, transformant les espaces publics en lieux de débat et d’apprentissage citoyen. Cette approche participative garantit que les politiques éducatives ne sont pas dictées uniquement par le haut, mais qu’elles répondent aux besoins réels exprimés par les habitants.

Le Maroc, leader régional de la diplomatie éducative

Avec ces deux nouvelles adhésions, le Royaume consolide son statut de leader africain et arabe au sein de l’organisation. Le Maroc dispose désormais d’un maillage territorial impressionnant au sein du Réseau mondial des villes apprenantes, rejoignant des cités pionnières comme Marrakech, Ifrane, Chefchaouen, Benguerir, Laâyoune, Agadir, Fès et Essaouira.

Un maillage territorial exemplaire

Cette densité de représentation n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’une volonté politique claire de territorialiser les politiques publiques d’éducation. Chaque ville membre apporte une couleur spécifique au réseau : Benguerir avec son écosystème axé sur la science et l’innovation, Chefchaouen avec sa sensibilité écologique, ou encore Essaouira avec son approche culturelle et tolérante. L’ajout de la puissance économique de Casablanca et du dynamisme oriental d’Oujda vient compléter ce tableau, offrant au Maroc une plateforme unique pour partager ses bonnes pratiques et influencer l’agenda mondial de l’éducation tout au long de la vie.