L’événement a marqué l’agenda culturel de ce début décembre 2025. En décernant le Prix d’Excellence en littérature arabe à Samira Faraji lors d’une cérémonie officielle à Marrakech, les Global Awards ont mis en lumière la vitalité de la production littéraire marocaine. Cette distinction, remise par l’ambassadeur du Sultanat d’Oman, vient saluer le parcours d’une auteure qui a su imposer sa voix singulière au sein du monde arabe, conciliant une carrière juridique exigeante avec une œuvre poétique de portée internationale.
Cette soirée du 3 décembre ne s’est pas limitée à une simple distribution de trophées. Elle a permis de mesurer le chemin parcouru par cette native d’Oujda, dont les textes, ancrés dans la tradition classique mais ouverts sur le monde, trouvent aujourd’hui un écho bien au-delà des frontières du Royaume. Retour sur la consécration d’une figure intellectuelle qui incarne le renouvellement de la poésie arabe contemporaine.
Un sacre diplomatique et critique
La tenue de cet événement à Marrakech confirme le rôle de la ville ocre comme carrefour des échanges culturels régionaux. Mais c’est la dimension symbolique de la remise du prix qui retient l’attention des observateurs. Le trophée a été décerné par l’ambassadeur du Sultanat d’Oman au Maroc. Ce geste diplomatique revêt une importance particulière : Oman, terre de tradition littéraire séculaire, est souvent considéré comme un baromètre exigeant en matière de poésie arabe. Cette validation institutionnelle par un représentant du Golfe atteste de la qualité linguistique et prosodique de l’œuvre de Samira Faraji, la plaçant au niveau des standards les plus élevés du genre.
Les motivations du jury des Global Awards éclairent la portée de ce choix. Au-delà de la maîtrise formelle, les jurés ont tenu à distinguer une plume capable de « toucher un lectorat arabe diversifié » et d’explorer « l’émotion humaine avec profondeur et finesse ». Le jury a souligné que ses œuvres démontrent la capacité intacte de la poésie à nourrir la « conscience culturelle » et à susciter une « réflexion collective ». Samira Faraji n’est donc pas primée uniquement pour son style, mais pour la résonance sociale de ses écrits dans un monde arabe en pleine mutation.
La double toge : Rigueur du droit et exigence littéraire
Le parcours de la lauréate se distingue par une dualité professionnelle assumée. Samira Faraji exerce la profession d’avocate, étant diplômée de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Mohammed Ier d’Oujda. Loin d’être anecdotique, cette formation juridique structure son rapport au langage. Elle ne vit pas sa vocation littéraire en retrait du monde, mais de plain-pied avec la réalité sociale que son métier lui donne à voir.
Sa bibliographie témoigne d’une production régulière et réfléchie. Depuis 2010, elle a publié cinq recueils majeurs qui jalonnent son évolution artistique : Sarkhatou Harik (2010), Rassail Annar wa Lmae (2013), Mawawil Achajane (2015), Rissala Liloumam Al Mouttahida (2017) et plus récemment Nour (2022). Ces ouvrages ont fait l’objet de nombreuses analyses critiques, confirmant son ancrage solide dans le paysage littéraire. Sa présence régulière dans les séminaires intellectuels et les festivals, au Maroc comme dans les pays arabes, lui a permis de tisser des liens durables avec ses pairs et de s’inscrire dans les débats culturels actuels.
Une voix féminine au cœur du patrimoine arabe
La consécration de Samira Faraji aux Global Awards vient également souligner la place prépondérante des femmes dans la préservation et le renouveau de la langue arabe. Déjà désignée « Femme de l’année » à Fès en 2017 et « Femme de la poésie arabe » à Rabat en 2019, elle a su investir le champ de la poésie avec une autorité reconnue.
Le comité des Global Awards a d’ailleurs qualifié son parcours de « source d’inspiration pour les jeunes créateurs ». En maniant une langue riche et expressive, elle prouve que la poésie classique n’est pas un art figé, mais un matériau vivant capable de traduire les sensibilités modernes. Son œuvre est devenue une « référence dans les cercles littéraires arabes », démontrant que l’apport féminin est indispensable à la vitalité de ce patrimoine immatériel. Elle incarne une génération d’intellectuelles marocaines qui contribuent activement au soft power culturel du pays.
Rayonnement musical et traduction : les vecteurs du succès
La portée de l’œuvre de Samira Faraji ne se limite pas au cercle des lecteurs érudits. Elle a su élargir son audience grâce à une passerelle naturelle entre le texte et la mélodie. Plusieurs grands noms de la musique arabe, tels que la Libanaise Ghada Shbeir, le Tunisien Lotfi Bouchnak ou le Marocain Fouad Tarab, ont puisé dans ses recueils pour leurs compositions. Ces collaborations musicales offrent une seconde vie aux poèmes, leur permettant de circuler auprès d’un public vaste et populaire, renouant ainsi avec la tradition orale de la poésie arabe.
Parallèlement, ses écrits bénéficient d’une diffusion internationale grâce à un important travail de traduction. Ses recueils sont aujourd’hui disponibles en français, anglais, espagnol, allemand, mais aussi en amazigh, turc et indonésien. Cette accessibilité multilingue confirme l’universalité de ses thèmes et participe au rayonnement des lettres marocaines à l’étranger. À l’heure où les aspirations culturelles des jeunes se globalisent, la trajectoire de Samira Faraji offre un modèle de réussite fondé sur l’excellence et l’ouverture, illustrant parfaitement le potentiel du leadership féminin dans le domaine des arts.

